We With Images To Give- Mark Sommerfeld
Tout circule. Il faut que ça circule.
Le monde numérique est un juge implacable. Tout ce qui y vit se réduit, en définitive, à des données.
Le point commun entre le génie et la médiocrité se dévoile à l’aube numérique : les deux consiste en une certaine masse de données. Et c’est ce qui importe. Et personne ne peut s’y soustraire.
Par les temps qui courent, plusieurs d’entre nous s’improvisent lanceurs d’alerte. Le mode de communication de ces lanceurs d’alerte est virtuel. Comment dès lors lancer l’alerte contre le virtuel ? Comment prévenir ses semblables de la catastrophe que représente la totalisation du monde numérique ? Le recouvrement extensif de son empire sur nos vies ? Le journalisme de qualité est un faux débat. Le problème n’est pas la qualité de l’information, mais l’information elle-même. Il s’agit d’une impasse.
The medium is the message. Voilà le problème.
Le problème de la modernité tardive est un problème formel. Plutôt, les soubassements éthiques de la révolution des Lumières culminent en un problème formel. Comme l’accélération du temps est un problème formel. Et il nous manque l’imagination nécessaire pour penser les moyens d’y résister. Les anciennes catégories de la résistance ne nous sont d’aucun secours face à la nouvelle menace qui s’appelle liberté, qui s’appelle égalité, qui s’appelle diversité, qui s’appelle inclusion, qui s’appelle le Bien. Le monde numérique neutralise l’altérité et convertit toute la richesse et la complexité du monde en une somme parfaitement lisse et transparente de positivité.
Nous passons nos jours à s’observer commenter le monde du lieu de notre solitude. Un cerveau dans un bocal. L’espace de notre intersubjectivité s’amenuise toujours plus sous les coups de l’innovation. La possibilité de la fraternité humaine a quitté le monde. Une gigantesque masse de récits pousse sur le cadavre du monde commun.
Et ça circule.
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